AKHENATON : METEQUE ET MAT

Sorti en 1997, il était temps de revenir sur le premier album d'Akhenaton. Long de 20 titres, il ne comporte ni intro ni outro, mais compte en revanche trois interludes : La vie de rêve, Assedic : 3 heures du matin (tiré du film L'aimant) et Di Polipo. Les chansons s'enchaînent logiquement, la première partie de l'album pouvant être qualifiée de plus posée que la fin, avec les titres qui ont justement fait la renommée d'Akhenaton avec les deux Bad Boys de Marseille avec la Fonky Family, et J'ai pas de face. Ces deux chansons ne révèlent qu'une face du rappeur, l'autre n'étant révélée que par le reste de l'album…

Celui-ci commence par La Cosca, rappelant ses origines napolitaines, et traitant de la mafia italienne. S'enchaîne ensuite Le calme comme essence, un titre bien tranquille, dans lequel Akhenaton énonce la vie tranquille des Méditerranéens, et sa préférence pour le silence plutôt que pour " le bruit de la ville, et des automobiles " afin de " vivre simplement avec le calme comme essence ". S'en suit un titre assez dur mais très réaliste, Je ne suis pas à plaindre, dans lequel le rappeur marseillais raconte deux histoires qu'il a vécues et qui lui firent se rendre compte que malgré les ennuis qu'ils a connus, il arrive des choses bien plus graves " Chill a perdu 200 balles à Roissy et Steve a perdu la vie à 17 ans et demi "

On retrouve ensuite plus de gaieté, avec Métèque et mat, dans lequel Akhenaton décrit ses origines, avec la métaphore revenant à plusieurs reprises, sa vie étant implicitement comparée à une partie d 'échecs… Mais il fait aussi part des problèmes d'esclavages que son peuple a connu. Avec Eclater un type des Assedic, Akhenaton exprime sa haine envers les agents de la DDAS et des Assedic, mais également envers tous les fonctionnaires véreux prenant du plaisir à " faire chier le monde " et ne faisant pas bien leur travail (postiers, contrôleurs)…

Après Au fin fond d'une contrée…, premier conte rapporté par Chill, le rappeur s'engage dans un rap bien plus sauvage que l'ensemble de son album, dans lequel il rappelle les meilleurs moments qu'il a connu, lorsqu'il posait sur la face B, lorsqu'il n'était qu'un " jeune rappeur fougueux ", et d'ajouter " putain ce que j'aime déchirer sur la face B "

Le métèque de la cité phocéenne parle ensuite du rêve américain dans L'Americano, dans lequel il se rappelle de toutes les illusions qu'il avait face à la vie américaine, et la profonde déception qu'il connut la première fois qu'il débarqua aux Etats-Unis… Le morceau suivant, Lettre aux hirondelles, revient dans la réalité actuelle, avec le problème de l'incarcération, surtout lorsque l'on possède une famille… S'en suit Dirigé vers l'Est, morceau consacré à la religion musulmane.

Ensuite, on retrouve quatre titres plus gais que les premiers : Je suis peut-être, auto description humoristique du rappeur, puis Bad Boys de Marseille avec la FF, et enfin J'ai pas de face dans lequel Chill dénonce les tendances actuelles (Boys band et autre groupes de shoutés…). Entre ces quatre chansons, trois autres titres. Prométhée, seconde légende contée par Akhenaton, puis Un brin de haine, morceau vraiment hardcore par son histoire, mais je n'en dis pas plus, vous découvrirez la suite en achetant l'album… Deux pistes avant la fin, Je combats avec mes démons, un morceau sans trop d'importance par rapport au reste du message du LP.

Du côté musical, les instrus sont pour la plupart très travaillés, ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on connaît la persévérance et le travail assidu réalisé par Akhenaton. Certains déploreront peut-être le manque de scratches et surtout de featurings, mais cet album se veut plus mélancolique qu'agressif…

En bref, cet album est à posséder par tous, et en particulier aux amateurs de rap marseillais, et de textes réfléchis et envoûtants… En ce qui concerne le flow du rappeur, rien à redire, et il est considéré par de nombreuses personnes comme le meilleur rappeur français, et je partage également cet avis, Akhenaton ajoutant un album de plus parmi les LP marseillais de qualité…

par DJ shOre