Dans l'intro, la scène se situe sûrement dans un bureau de flics, avec le cliquetis d'une vieille machine à écrire… C'est donc dès le début de l'album que Fabe décide de déposer sa plainte, qui continuera jusqu'à la fin du dernier morceau. "Vous allez rencontrer un homme en colère, qui a une dent contre la société grosse comme le déficit budgétaire" nous prévient une voix off surplombée du bruit d'un hélicoptère dans l'Emmerdeur public n°1, et Fabe de casser le syndrome Coupe du Monde en une formule lapidaire : "Mais hors du Stade la France flippe de nous" sur quelques notes graves de piano qui attisent, d'un beat dépouillé, la tension de ce morceau, avant une comparaison qui annonce ce titre comme la suite logique de L'impertinent dans son précédent album : "Si on peignait les cons en vert les commissariats seraient des prairies". Ça a le mérite d'être clair ! Le détourneur de son a pour but de faire passer un message intransigeant qui ne pourrait passer pour austère, mais c'était sans compter sur sa maîtrise parfaite des rimes, après bientôt 10 ans de carrière. Excusez-nous, qui aurait du être placé à la fin de l'album s'enchaîne en fait après le septième morceau, Comment ils font ?, est un titre mélancolique qui, après des dizaines d'arguments dans lesquels il s'accuse d'être la cause de tous les problèmes en France, fait réagir l'auditeur, qui se forge au cours du rythme sans percussions, une contre-opinion sur
le sujet. Et Fabe
de finir par "Et si vous pensez que c'est à cause de vous,
alors excusez-vous !". On enchaîne plus tard sur des samples de
cuivres funky avec Stupéfiants, œuvre de 20 Syl, un jeune producteur à suivre.
Sur ce titre, on retrouve en guest Koma de la Scred, qui n'est pas le seul du
"collectif le
plus discret de Paris-Barbès" à poser sur l'album de
Fabe. En effet, on retrouve également
Haroun, qui signe également la musique, sur le titre
On m'a dit, sans oublier Mokless'… Certains vont peut-être
regretter la présence de Changer le monde, morceau destiné avant
tout aux radios, il faut bien l'admettre, avec son refrain
"Tous on veut
changer l'monde, les filles rêvent de changer l'monde, les mecs
rêvent de changer le monde, les gosses disent de changer
l'monde" suivi à chaque fois d'un scratch de groupe
Puzzle dans J'vais changer, titre extrait de leur album. En
parlant de scratches, il ne faut surtout pas oublier la participation
de DJ
Pone, du
Double H
Production (label indépendant de Cut Killer) qui s'est chargé
d'enchaîner l'intégralité des seize titres de
l'album… Remballe témoigne avec humour de la multitude de
"rappeurs" lancés récemment sur la scène
française et leurs "phases à deux balles". Ce n'est pas moralisateur,
mais on est quand même amener à réfléchir
sur ce sujet, si ce n'est pas déjà fait.. En bref,
La Rage de
dire est
un bon album à se procurer, avec des titres très
différents les uns des autres de par leur mélodie et le
sujet qu'ils abordent. Mais le succès du dernier album de
Fabe ne se serait sûrement pas
réalisé sans la participation des nombreux guests
(Rocé, Malik, Mehdi
l'affranchi) et ses compères du "groupe qui monte comme tes nerfs quand
ta femme parle de son ex", la Scred Connexion bien sûr !